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Mon expérience de chef d’édition des Rencontres de la vidéo mobile

L’une de mes émissions favorites est le programme quotidien qui porte bien son nom : Quotidien. L’une des choses qui me fascinent est le rythme avec lequel les sujets défilent à l’écran. Je me suis toujours demandé comment tout cela se prépare. Comment tout ce beau monde réussit créer cette chose homogène sans couac.

J’en ai eu un aperçu, quoiqu’infime, il y a quelques semaines, lorsque j’ai occupé le poste de chef d’édition lors d’un événement d’envergure internationale : les 3èmes Rencontres francophones de la vidéo mobile, qui se sont déroulées le 07 février 2019 à Paris.

Chef d’édition, chef d’orchestre

Quand je me suis vu proposer ce poste vers la fin de l’année dernière, la première question que je me suis posée a été celle-ci : c’est quoi, un chef d’édition ? Je voyais ce titre apparaître lors des génériques de fin à la télé, mais je n’avais jamais vraiment cherché à savoir quelle en était la consistance.

Un peu de contexte. L’événement, dans sa globalité, se déroulait sur un lieu unique, la Cité internationale universitaire de Paris. Et sur ce lieu plusieurs salles étaient affectées aux activités liées à l’événement, dont la principale était la plénière, dans laquelle les différents intervenants (experts et partenaires) devaient se succéder sur une estrade ; cette salle étant équipée d’un système audiovisuel (son diffusé par des enceintes et images affichées sur un écran géant).

Mon travail, celui du chef d’édition, serait de veiller à ce que tout ce que le système audiovisuel de la salle diffusera le soit en temps et en heure, sans le moindre accroc. Il faudrait aussi veiller à la parfaite synchronisation entre les machines, le chrono et les Hommes : intervenants et personnel technique.

Voilà la partie visible de l’iceberg. En arrière-plan, c’est un travail de coordination de toute l’équipe d’organisation, dont le maître-mot est : communication, communication, communication !

Les jours qui précèdent l’événement

C’est le moment de la collecte des contenus. Je scrute ceux qui me sont déjà parvenus dans les moindres détails. Il me faut parfois corriger le texte de certaines présentations. S’il y a du contenu multimédia ou interactif, je dois m’assurer qu’ils fonctionnent bien. Les fichiers vidéo doivent être nickels, ainsi que les sons, s’il y en a. Si les contenus des intervenants se trouvent en ligne, je dois m’assurer que les liens renvoient vers les bonnes pages Internet. En bref, je regarde tout, vérifie et revérifie.

Quelque fois, je dois les contacter pour des remarques relatives à leur contenu. Mais ce cas de figure est rare. Ce sont des journalistes aguerris et leurs présentations ultra-léchées.

La salle Adenauer, Cité internationale universitaire de Paris, le 07 février 2019 – © René Nkowa

C’est quoi le contenu ?

Ce sont pour la plupart des présentations Powerpoint ordinaires, que chaque intervenant déroule pendant qu’il est sur la scène. Ce sont aussi des présentations au format Keynote. Les plus complexes ont des vidéos intégrées. Les différents intervenants mettent à ma disposition leur présentation, soit en m’envoyant le fichier, soit en me transmettant le lien pour leur téléchargement, par courriel.

Cependant, certains ne mettront à disposition les contenus que le jour J. Un aléa qu’il faudra gérer. D’autres voudront diffuser depuis leur smartphone et il faudra s’assurer avec la régie que cela puisse être possible. Les derniers, enfin, n’ont pas de présentation et iront en freestyle.

La régie

C’est le centre névralgique. Pour la salle qui est sous ma responsabilité, c’est le point où tout arrive et d’où tout repart. On n’a pas intérêt à se rater et je sens doucement la pression monter au moment où je la redécouvre – j’ai participé il y a quelques années à un autre événement qui s’y est déroulé. Une petite angoisse monte quand je réalise que plusieurs centaines de professionnels, à l’oeil et à l’ouïe fins, scruteront mon travail. Que d’autres, non moins professionnels, attendront que leur travail soit proprement restitué.

Je fais la connaissance de Kevin (qui s’occupe de la diffusion écran) et de Sébastien (l’ingénieur du son). C’est la veille de l’événement. Nous repassons tout en revue. C’est aussi le moment des tests, pour s’assurer que tout est parfait en termes de réglages. Nous sommes aussi en relation talkie-walkie avec un troisième technicien, qui lui est en charge des spots lumineux et du projecteur.

Une vue de la régie et de l’assistance – © René Nkowa

Le dernier membre de cette équipée est Nicolas, le maître de cérémonie, qui doit assurer l’animation sur la scène.

Le document de travail

C’est le conducteur, qui contient absolument toutes les informations relatives aux intervenants et aux contenus : le minutage des passages, les noms des personnes qui s’exprimeront, le sujet de leur intervention, le nom et le l’adressage de leurs présentations/fichiers (qui ont été scrupuleusement classés auparavant). J’y note tout : untel diffusera depuis son smartphone, tel autre souhaite commencer avec une vidéo diffusée à partir de 2:50 et pendant 1 minute, une dernière modifiera sa présentation une heure avant son passage…

Il est impératif de tout noter. Parce qu’entre 25 vidéos à projeter, 48 intervenants, 35 présentations et avec un temps de passage de huit minutes, on est vite perdu si on ne relève pas tous les détails. Les techniciens reçoivent aussi une copie du conducteur afin de préparer leur travail.

Le jour J

Tout ayant été préparé et répété la veille, il s’agit alors de dérouler. Mais j’ai beau beau avoir anticipé, il n’en demeure pas moins que des aléas sont à gérer in-situ. Certains intervenants souhaitent apporter des modifications de dernière minute à leur présentation. Ou alors veulent simplement avoir des informations relatives à leur passage. Il faut alors les recevoir, s’enquérir de leurs besoins et trouver rapidement une solution, avec un impératif cardinal : le programme doit être respecté.

Ces modifications doivent encore être vérifiées avant la diffusion de l’élément. Dans le même temps, il faut répercuter ces changements chez les régisseurs, tout en leur donnant l’autorisation de diffuser tel ou tel élément. Enfin, il faut se coordonner avec le MC et s’assurer que les intervenants respectent le temps à eux imparti.

Le temps court vite

La journée de l’évènement est assez particulière. On ne la sent pas s’écouler, tant on est occupé à veiller à ce que tout se passe pour le mieux. Il y a ce moment de panique, où on se rend compte qu’un intervenant a pris plus de temps que prévu et qu’il faut trouver un moyen de discrètement raboter celui des suivants. Ou alors cet autre, quand un intervenant a terminé plus tôt que prévu, qu’un second n’est pas venu et qu’il faut combler le vide laissé.

Ceci étant, je peux compter sur Kévin, un véritable magicien et qui fait des choses inouïes avec sa console. Le brio avec lequel il a géré tous les aléas qui se sont imposés à nous a forcé mon admiration.

Imprenable point de vue sur la scène – © René Nkowa

A la fin de la journée, les félicitations pour ce baptême du feu sont de mise. Il y a aussi les remarques faites par l’équipe sur 2 ou 3 points à améliorer, mais le travail fourni est apprécié. Il semble que je m’en suis bien sorti. Sur un plan personnel, il y a toujours des améliorations à faire. Même si en général, je suis plutôt fier du travail accompli et de son résultat.

Photo de une: Camille Millerand, via Samsa.fr

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