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Nous devenons obsolètes

La courbe de notre obsolescence va, si nous n’y prenons garde, bientôt épouser celle des outils technologiques qui nous entourent. L’une des manifestations de ce phénomène est une révolution qui se déroule – sans bruit, ni fracas, ni coups de baillonnette – au sein des entreprises: le reverse mentoring digital.

On connaît tous le mentoring, cette pratique traditionnelle au sein des organisations qui veut que les employés les plus anciens – souvent plus âgés – fournissent aux nouveaux employés – généralement plus jeunes – les armes qui leur permettront d’être performants.

L‘inversion se produit depuis quelques années avec la transformation digitale des entreprises. La multinationale veut déporter sur Internet tout son processus de recrutement? La PME veut pouvoir avoir des retours de ses prospects sur le Web? Le poissonnier du coin de la rue veut avoir une page sur les réseaux sociaux? La solution passera par l’enrôlement d’un jeune, qui évaluera le besoin et proposera les solutions digitales pour le combler.

Jetons un regard sur ce “jeune”. Il est dans la vingtaine. Il arrive comme sorti de nulle part et discute directement avec le top management de l’entreprise. Après trois ou quatre visites (ou après quelques jours de travail) de ce jeune, ton chef te demande pour la première de compiler les rapports statistiques du site web de la boîte, ce après t’avoir taggué sur une story d’Instagram, une première aussi.

L’âge du jeune qui fait le mentoring n’est pas un détail anecdotique. Il se situe dans la tranche inférieure de la génération Y, celle des “digital natives”, et flirte avec la génération Z. Le jeune plus tout à fait jeune de la tranche supérieure de cette même génération Y est dans la trentaine, mais il n’en mène déjà plus large, car les codes qui marchaient à tous les coups il y a encore quelques années sont déjà dépassés.

L’exemple d’Accenture*, une multinationale qui fait dans le conseil technologique et digital, est parlant à cet effet: avec une moyenne d’âge des employés qui s’élève à 32 ans, l’entreprise a tout de même intégré dans chacune de ses équipes un jeune mentor!

La marque Fanta ne s’y est pas trompée: dans sa nouvelle campagne de publicité, elle invite les jeunes à “prendre le contrôle” du marketing du produit en utilisant YouTube.

C’est drôle de constater qu’à 35 ans, on risque d’être mis au rebut, parce qu’on n’arrive déjà plus à suivre le rythme imposé par le changement rapide et perpétuel méthodes de travail, lequel changement est plus facilement assimilé par les plus jeunes, qui eux-mêmes risquent fort d’être eux aussi dépassés bien plus vite.

Les spécialistes estiment que 30% de nos compétences numériques deviennent obsolètes d’une année sur l’autre**. Il faut désormais apprendre à apprendre, si on veut éviter de faire face à notre propre obsolescence programmée.

Pour aller plus loin:

Le reverse mentoring digital: les jeunes forment les managers aux outils du numérique *

Reverse mentoring digital: les jeunes au chevet des seniors au travail **

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