Ce post va peut-être me valoir quelques bisbilles avec les propriétaires de certains droits. Mais d’un autre côté, je suis tranquille car il faudrait qu’ils soient très forts pour deviner qu’ils sont effectivement ceux qui ont quelque chose à défendre.
Un peu d’histoire: comme beaucoup, j’ai appris à écouter la musique dans ma famille, notamment par mon père, mélomane devant l’éternel. Qui nous a très vite éloignés du mainstream de mon époque, pour nous rapprocher du mainstream de son époque à lui. Ce fut un combat de faire entrer un album de Michael Jackson dans la maison.
Ma formation musicale s’est faite à force de vieux vinyles et de cassettes audio. La belle époque.
Puis ce fut le CD, puis, ô grâce, le MP3.
J’en ai écouté du MP3. Tous les artistes en vogue de mon temps y sont passés. Dans mes moments de gloire, je frisais les 80 gigaoctets de musique dans mes disques durs, aucune chanson ne revenant deux fois (j’étais intraitable sur ce point) et avec un bitrate moyen de 196ko/s, ce qui donnait vingt mille chansons. Par voie de conséquence, j’étais devenu un pourvoyeur, à titre gratuit, de musique. Je téléchargeais tout sur internet, il n’était pas question pour moi de revendre ce que j’avais acquis pour rien…
Et l’an dernier… Spotify!
Parce qu’une plateforme de streaming a ceci de fabuleux: elle permet l’accès instantané à un répertoire contenant de millions de titres. Une nouvelle sortie? Spotify. Une chanson des années 1930 me vient en tête? Spotify. L’un des éléments autrement intéressants avec ces applications de streaming musical sont les playlists proposées dans lesquelles je prends un réel plaisir à voyager.
Au fil des mois, je me suis ainsi éloigné de mes habituelles pratiques de mélomane – faites essentiellement de téléchargement en local et à tour de bras d’albums de chanteurs pop à la mode – pour une écoute aléatoire de chansons prises individuellement dans des albums, des EP ou des singles de parfaits inconnus.
J’ai saisi l’effectivité de cette disparition de mes cloisons musicales par cette froide nuit berlinoise, pendant laquelle j’ai pris un immense plaisir à danser pendant plus de neuf heures sur des chansons que je n’avais jamais entendues et que je n’entendrai probablement plus jamais, distillées par des platines de vinyle manipulées avec brio par un mec vêtu comme un citoyen de la Grèce antique.
Et le résultat de tout ça? Je n’ai pas téléchargé un seul fichier en MP3 depuis plus d’une année. Ni chopé de la musique chez un ami par Bluetooth. Spotify a tué le collectionneur de musique qui est en moi.
Du moins pour le moment. Parce que le plaisir d’écouter ce que je veux va peut-être bientôt se fracasser sur la barrière des 9,99€ mensuels à payer…
Le titre de ce billet est inspiré du post publié sur Slate par Leon Neyfakh et intitulé “Comment Apple a tué le collectionneur de musique qui est en moi”.
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